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54 élèves de la filière sécurité ont participé à...

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REPORTAGE. Comment s’organise la gestion des blessés lors d’une attaque terroriste

Un exercice de sécurité civile d’ampleur impliquant 475 personnes et simulant une attaque terroriste dans une école s’est déroulé mardi 13 décembre 2022 en Essonne.

Lors d’un exercice d’ampleur de sécurité civile sur les terrains de l’ex-Bas militaire 217, en Essonne, mardi 13 décembre 2022. (©AD/actu Essonne)
Par Augustin Delaporte Publié le 14 Déc 22 à 6:22
Actu Essonne
Durant de longues semaines, le bureau défense et protection civile (BDPC) de la Préfecture de l’Essonne a mis sur pied le scénario de l’exercice de sécurité civile d’ampleur 2022, sans que ses futurs acteurs n’en connaissent les contours.
Le but était, après deux reports dus au Covid, de tester le plan ORSEC nombreuses victimes (NOVI), un programme d’organisation des secours à l’échelon départemental en cas de catastrophe, qui doit permettre une mise en œuvre rapide et efficace des moyens nécessaires, sous l’autorité du préfet.
Mardi 13 décembre 2022, 475 individus ont participé à cet exercice sur les terrains de l’ex-Base aérienne 217, dont 14 observateurs et environs 70 victimes issues du lycée Paul Belmondo d’Arpajon et des Instituts de Formation du Centre Hospitalier Sud Francilien.

« Jouez comme en situation réelle »
C’est peu ou prou le résumé du brief du directeur de cabinet du Préfet, Cyril Alavoine, sur les coups de dix heures du matin, à quelques encablures de la « zone de jeu ».
Organiser un exercice qui mobilise autant de personnes a un coût et son enjeu est majeur. Chaque service doit réaliser ses objectifs, mais doit également exister dans un tout et faire progresser la « connaissance mutuelle » pour, peut-être, faire « évoluer la doctrine ».

« Jouez comme en situation réelle », exhorte le directeur de cabinet du Préfet de l’Essonne, Cyril Alavoine. (©AD/actu Essonne)

Dernier rappel avant la mise en place : le plan NOVI a une spécificité par rapport à d’autres du dispositif ORSEC, en effet c’est la police nationale (DDSP) qui est la « force menante », tandis que les secours sont en support.

La police alertée par un riverain
Interpellé par le bruit et les coups de feu provenant d’une école, un individu signale les faits par téléphone auprès des forces de l’ordre. C’est le point de départ du scénario.
Les policiers sont donc les primo-intervenants. Sur les lieux quelques minutes après les tirs, une petite escouade dont les membres sont équipés de tenues balistiques (casques, boucliers, gilets pare-balles, etc) se positionne à l’angle d’un bâtiment proche de l’établissement scolaire, mais à l’abri des balles.

Ils pénètrent alors dans la zone d’exclusion, un premier cercle qui entoure le danger et dimensionné selon le type et l’ampleur de ce dernier.
En parallèle, l’idée est de mettre en place un ou plusieurs corridors d’extraction qui relient des points d’évacuation de victimes à des points de rassemblement de victimes situés dans la zone contrôlée (un second cercle protégé, qui peut donc évoluer avec la situation en temps réel).
C’est dans cette dernière que vont venir se placer les secours, mais aussi les commandements opérationnels de police et de secours (COP et COS), qui vont agir en binômage tout au long de l’opération.
Précision importante, en fonction du danger le COP et le COS peuvent monter en hiérarchie (avec l’arrivée sur place d’un supérieur, qui prend le COP par exemple, et qui communique ce changement à tous).

Poste de commandement COP sur l’ex-Base aérienne 217. (©AD/actu Essonne)

Un troisième cercle vient entourer les deux autres, c’est la zone de soutien. On y retrouve notamment le poste médical avancé (PMA) et une unique zone d’entrée contrôlée par la police.
Un policier blessé et les premiers civils évacués
Dans le même temps, sous les coups de feu pressants des terroristes, le directeur de l’école et quelques autres civils réussissent à s’enfuir du bâtiment et à rejoindre les policiers.
Ces derniers vont ensuite tenter de sécuriser la zone en s’approchant de l’entrée de l’établissement. Un assaillant va alors jaillir et blesser un agent, avant d’être abattu.

Sur les images des drones de police, on aperçoit les premiers civils évacués. (©AD/actu Essonne)

Puis, les victimes vont être transportées dans un point de rassemblement des victimes (PRV). Un tri médical et psychologique est effectué et le lieu est divisé en trois zones : indemnes, en état d’urgence relative (UR) et en état d’urgence absolue (UA). Des catégorisations données par un médecin.
Chose notable également, dans la zone UA les brancards sont organisés en étoile pour un meilleur partage de l’oxygène.

Une victime arrive dans la zone UR d’un PRV. Au fond, on discerne la zone UA où les secours installent les brancards en étoile. (©AD/actu Essonne)

Au sein du PRV, chaque victime va être associée à un code barre qui va permettre de transmettre en temps réel aux autorités l’état des victimes (UR, UA, décédée). Ce qui va permettre, entre autres, de déterminer le nombre de lits nécessaires…
Enfin, les victimes de la zone UA vont ensuite être dirigées soit vers le PMA, soit directement vers un centre hospitalier. Un travail de désengorgement des axes prioritaires aura été fait en amont sur les routes.

FR-Alert, nouveau dispositif d’alerte à la population :
Les personnes présentes dans la zone confrontée à un grave danger (ici un acte terroriste) vont recevoir une notification qui les informe sur la nature du risque, sa localisation et sur les comportements à adopter pour se protéger.
Mais si le dispositif est opérationnel depuis juin 2022, il semble encore largement perfectible car lors de l’exercice plusieurs personnes n’ont pas reçu de notification, ou l’on tout simplement perdue après une mauvaise manipulation sur leur téléphone…
Aussi, en cas d’attaque terroriste, un numéro dédié aux familles et aux victimes est activé au niveau national par la cellule interministérielle d’aide aux victimes (la CIAV, non jouée dans l’exercice), tandis qu’une cellule d’information du public est déclenchée par la préfecture pour répondre aux questions d’ordre général de la population.
Enfin, après la gestion de l’urgence, c’est le comité local d’aide aux victimes (CLAV) qui assure le suivi des victimes sur le long terme.