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En scène !

Les élèves de TMEI présentent ....

En ce vendredi 10 juin, la tension est diversement palpable dans la salle de spectacle de l’Espace Concorde. Car si le public est détendu et écoute avec attention Mme CHONE, directrice du Conservatoire de Cœur de l’Essonne Agglomération - Arpajon, présenter le spectacle à venir, il en est tout autrement dans les coulisses. Certains visages sont tendus, les jeunes comédiens concentrés à l’extrême, prêts à entrer en action ; d’autres au contraire attendent tranquillement, le portable à la main. Il est 15h30, la représentation peut commencer…

Mené depuis le mois d’avril sous la direction de Mme MAILLARD, professeure de théâtre au Conservatoire, et de M. BART, professeur principal de la classe de TMEI, et ce dans le cadre d’un partenariat entre le Conservatoire et le lycée professionnel Paul Belmondo d’Arpajon, le projet consistait à adapter sur scène la nouvelle Le Joueur d’échecs de l’écrivain autrichien Stefan Zweig, une des œuvres au programme limitatif du Bac pro de Français : « Le jeu : futilité, nécessité ».

Texte sombre qui parle du nazisme, de la folie et de la mort (l’auteur lui-même devant se suicider quelques heures après l’avoir achevé), Le Joueur d’échecs raconte l’improbable carrière d’un champion d’échecs, le très antipathique Mirko Czentovic, qui n’a jamais été battu et qui pourtant, sur un paquebot faisant la liaison entre New York et Buenos Aires, va trouver un adversaire à sa mesure en la personne du mystérieux Monsieur B., individu policé, aux manières distinguées et que tout oppose à l’implacable Czentovic.

Sur une idée de Mme MAILLARD, on adapte, on modernise, on transpose le cadre de la nouvelle : oubliés, les échecs, et bienvenue dans l’univers des jeux vidéo ! Ce sont les élèves de TMEI qui ont choisi Rainbow Six Siege, plus communément appelé « R6 », un jeu de tir tactique basé sur l’attaque/défense et opposant deux équipes de trois agents. Le public entend donc les termes de « pion », de « fou », d’« échecs », de « mat » ou de « roque » car une voix-off assure la narration, les élèves se succédant au micro pour lire certains passages du texte, mais sur scène, on parle désormais de « dortoir », de « drone », de « sniper », de « mur électrifié »…

Pas question cependant de se laisser aller : M. BART, qui étudie l’œuvre en classe, entend conserver la gravité de celle-ci et la faire ressortir sur scène. Si la première partie était basée sur la carrière de Mirko Czentovic et pouvait encore présenter quelques moments de détente, les choses changent avec la deuxième partie, qui raconte cette fois la tragique histoire de Monsieur B., intellectuel autrichien arrêté et torturé par la Gestapo qui veut lui soutirer des informations que lui-même ne connaît pas… Les coups pleuvent, Monsieur B. est seul dans sa cellule et ne trouve une échappatoire que dans les échecs, pardon : dans R6.

La troisième partie est celle du duel final. Monsieur B., que la schizophrénie a rattrapé, ne peut plus jouer, se perd dans de multiples confusions entre le jeu et la réalité et abandonne finalement, laissant la victoire à Czentovic. Le public aussi a sans doute été confus mais c’était le but recherché car il fallait le bousculer en l’amenant sans cesse à faire le lien entre les références de la nouvelle de Zweig (les échecs, l’Anschluss, la Gestapo) et celles, plus contemporaines, qui étaient proposées par les élèves (un pro-gamer, un YouTubeur, une interview Konbini… et même une publicité loufoque sur un grinder, un moulin à herbes généralement utilisé par les consommateurs de cannabis).

Au final, pari réussi, ce qui n’était pas gagné une heure encore avant le début du spectacle, les élèves découvrant en même temps que leur enseignant la scène où ils allaient jouer. Le public, lui, est conquis : « C’était très bien », « On est dedans », « L’idée du jeu vidéo était géniale ». Quelques critiques, bénignes, se font entendre : « C’est dommage, c’était trop court », « L’introduction du personnage de Monsieur B. est un peu surfaite ». Les élèves sont contents, ils sont allés jusqu’au bout… en espérant qu’ils auront utilisé Le Joueur d’échecs à leur épreuve du Bac qui se déroulait quatre jours plus tard ! Une manière ludique de réviser ceci dit…